Drôle de profession rédacteur-correcteur, me direz-vous ? Comment j’y suis arrivée, par beaucoup de chemins détournés, je vous l’avoue. Mais j’y arrive, pas à pas, rêve à rêve. Bien que trop souvent, en grandissant, on nous fait croire que le rêve n’appartient qu’aux enfants et qu’il faudrait bien mieux savoir se satisfaire d’une réalité trop petite que d’un doux songe…
Des premiers pas, des premiers mots
Je crois que si j’avais pu prononcer et écrire mes premiers mots dans un poème, je l’aurais fait, juste comme ça, pour le plaisir d’y entendre le doux son de notre si belle langue. Mais le poème de ma première parole était ailleurs, caché dans la douce signification de son sens : Maman !
Puis les chemins de l’école se sont dessinés. Si les lignes de calcul sont toujours restées pour moi un grand mystère insoluble, les lignes d’écriture sont restées comme des sillons tracés dans les lignes de ma main. Enfin j’allais pouvoir mettre des mots sur tous mes songes, enfin j’allais pouvoir moi aussi me délecter de ce pouvoir inimaginable qu’est l’Écrit.
Les histoires et les mots ne m’ont plus jamais quittée. En grandissant, ils s’étoffaient, prenaient forme en nouvelles, en contes ou en poésies. Parfois même ils devenaient même vitaux, comme si la détresse s’écrivait plus facilement qu’elle ne se dit.
« Écrire ce n’est pas une « vraie » profession ! »
Voyons, arrête un peu de rêver ! Alors j’ai arrêté de rêver, j’ai suivi le chemin qui semblait le plus évident. Il y avait toujours des mots, bien sûr, mais ces mots-là étaient italiens et auraient du me destiner non plus à les écrire mais à les enseigner. Et petit à petit j’ai oublié. J’ai appris, oui, beaucoup, par mes expériences bonnes ou mauvaises, mais j’ai oublié aussi. Beaucoup. Trop souvent.
Jusqu’au jour où j’ai retrouvé ma plume un peu par hasard, c’est vrai, ou par chance, plutôt. Parce que les émotions de ce moment là m’avait rendu muette, mais pas sans stylo.
Depuis ce jour, je n’ai plus jamais lâché ni ma plume, ni ma gomme. J’ai appris, encore et toujours. Je me suis plongée à corps perdu dans des règles de conjugaison, des accords, des temps, des déléaturs et des « coups de bourdons ». Parce qu’il faut des règles pour être lu ; pour être entendu, il faut être audible. Je ne sais et ne saurai peut-être jamais si cela tient du talent ou de la chance, mais aujourd’hui je peux dire enfin que si ma passion ne me fait pas encore vivre, elle me fait rêver, elle me fait espérer, elle me fait me battre et en vouloir toujours plus.
Un rêve ne s’abandonne jamais, il se construit pas à pas, maux à mots.
Mélanie Sorbets ou www.la plumeetlagomme.fr