Pluralité, mélange, interdisciplinarité… Voila ce que je suis : le mélange de la rigueur et de la conformité aux bons usages de la langue française puis la plume fantasque de tous les sujets, des plus farfelus aux plus sérieux. Souvent ces deux professions entremêlées surprennent. Tel le cliché d’un correcteur poussiéreux enfermé à double tour entre son Grévisse et son Bescherelle, sujet à un dédoublement de personnalité qui le pousserait à écrire pour une Toile originale et protéiforme des articles que son amour de la langue française ne devrait pouvoir accepter.
Être correcteur ne signifie pas forcément être fermé au monde !
L’image de l’amoureux de la Langue Française tel un rat de bibliothèque dans sa tour d’ivoire, ne parlons surtout pas de Babel, assis au bord de sa geôle à scruter les pauvres ignorants de son grand savoir, à la peau dure !
Inutile de le nier, être correcteur nécessite des capacités et des connaissances poussées en grammaire, en orthographe, en syntaxe, en typographie, en vocabulaire et en sémantique supérieures à la moyenne. Toutefois, la majorité d’entre nous voit ces connaissances comme une spécificité professionnelle bien plus que comme une supériorité intellectuelle. Bien souvent aussi, nous ponctuerons nos corrections, pour les plus pédagogues d’entre nous, par le rappel de quelques règles qui vous permettront d’éviter certaines erreurs récurrentes, tout simplement parce que l’auteur d’un texte, quel que soit son niveau, ne peut être qu’un piètre correcteur de ses écrits. Nous sommes l’œil neuf qui se pose sur vos lignes pour les magnifier, jamais pour les changer, jamais pour en faire quelque chose qui ne vous appartiendrait plus…
Pour autant, nous considérer comme les détenteurs du pouvoir absolu serait une hérésie et d’un manque d’humilité incroyable qui pourraient confiner à la bêtise et à l’ignorance la plus crasse ! Comment être capable de comprendre un style ou une écriture sans se tenir informé de toutes les richesses apportées quotidiennement par la pratique d’une langue qui, par définition, évolue sans cesse ? Maîtriser une langue c’est aussi, à mon humble avis, être capable d’en voir ses évolutions et d’en comprendre son usage au quotidien, sans ce lien, point de salut ! Ainsi je suis correctrice et je vis avec mon monde : peuplé d’écrans de toutes tailles mais aussi de livres de tout temps.
Être rédacteur web ne signifie pas forcément être créateur de contenus sans fond !
Tuons le second cliché : un rédacteur n’est pas forcément un geek qui écrit des articles pour faire passer le temps et donner quelques bons mots à avaler à son ami Google. Vous dire qu’il n’y a en plus serait malheureusement faux, admettre que nous ne sommes que cela serait terriblement réducteur !
Comme nous l’avons déjà vu dans de précédents articles, certains « croivent » encore qu’il suffit d’aligner une série de mots dans un article tout aussi vide de sens que de contenus pour que notre Dieu Google s’intéresse à ces palabres. Dieu Google, nous le savons tous maintenant, n’en a que faire de ces petits hypocrites qui pensent le duper avec des phrases d’un français digne d’un enfant de 4 ans et de ce vocabulaire si pauvre qu’il en ferait pleurer mon Larousse ! Écrire des articles web nécessite précision, justesse et équilibre. Je dois avouer que je mets chaque jour à profit ma formation journalistique en cours afin de créer, je l’espère, le meilleur. Pourquoi devrais-je maltraiter mon lecteur du Net alors que je soigne mon auditoire de presse ?
Il n’y a pas de bon ou de mauvais public, il y a des lecteurs variés et multiples. Écrire tout comme corriger un texte, quel que soit son support, se doit d’être respectueux de cette règle. C’est ainsi que je conçois d’exercer ces deux professions en parallèle. Par amour pour le mot, par amour pour cette belle langue qu’est le français et qui se doit d’être présentée, sur écran ou reliée, à la hauteur de sa beauté.
Mélanie Sorbets, www.laplumeetlagomme.fr