Que restera-t-il de nos histoires, de nos amours, de nos amis, de nos plus beaux souvenirs, de nos terres conquises par de belles vacances, si aucun de nos textes ne se trouve sauvegardé ? Que restera-t-il quand l’ordinateur sera éteint, les réseaux sociaux disparus et nos mails effacés ? Rien. Absolument rien. Et si nous sauvegardions nos mémoires vives tant que nos plumes s’agitent encore ?
Aujourd’hui le souvenir est périssable
Réfléchissons ensemble… Quand avons-nous écrit notre dernière carte postale ? Une vraie avec un timbre, une adresse postale et des délais à rallonge. Je ne m’en souviens même plus. Et vous ?
Quelle est la dernière lettre que vous ayez envoyée ? J’ai oublié aussi. Enfin non. Je crois qu’elle contenait beaucoup plus que tous les mails et textos réunis envoyés en quelques années. Des secrets, une histoire, une écriture, une odeur.
Comme si nos souvenirs s’étaient propulsés à l’intérieur de nos téléphones et que rien n’y survivrait après leurs modestes vies d’appareils électroniques programmés à s’éteindre dans… 1 an et 1 jour. Fin de la garantie, normal.
Et nos lettres, nos cartes, nos photos, enfermées dans des journaux intimes, de belles boîtes ou des albums jaunis, qu’en avons-nous fait ? Garderons-nous les mails ainsi ? Je ne crois pas, en fait c’est certain, nous ne gardons plus rien. Tout se jette, comme si le cycle de la vie d’un écrit était une denrée consommable et donc périssable. Nos plus belles histoires d’amour ont-elles une date de péremption ?
Continuer à écrire pour se « souvenir des jolies choses »
Bien sûr nous les avons gardé tous ces souvenirs, comme des pépites de notre enfance ou des trésors volés à un amour perdu. On aime à s’y replonger un peu, beaucoup, souvent, pour être certain que rien ne s’est envolé, que rien ne s’est oublié. Juste que l’histoire est passée, que l’histoire est finie. Mais qu’elle ne s’oubliera jamais…
Un parfum sur une enveloppe, une écriture embuée de larmes, un rouge à lèvres glissé au coin d’un mot d’amour, un « je t’aime » écrit en lettres d’or comme l’aveu d’un abandon ou l’aveu d’une promesse. Quel clavier nous donnera cette émotion partagée, quel écran nous rendra la beauté de ces gestes que l’on trouvait si simples et pourtant que nous ne saurions aujourd’hui à peine envisager tant notre imagination s’est bridée au rythme de nos « smileys » et autres cœurs à codes frappés !
Attrapons nos stylos et nos papiers à lettre, écrivons nos histoires au rythme du cœur en oubliant un peu nos claviers qui nous engourdissent l’esprit. Transmettons nos trésors et nos plus belles histoires au fil de la plume qui glisse doucement sur le papier… Tâchons-nous un peu les doigts pour ne plus entacher nos mémoires.
Mélanie Sorbets, www.laplumeetlagomme.fr