Retrouver le chemin de son enfance, se découvrir une seconde fois…

De l’écrivain adolescente à la rédactrice web : des chemins longs et sinueux

Je ris bien souvent et je joue sur les mots encore bien plus. Même mes maux deviennent des mots. Pourtant il m’a fallu parfois revenir à l’essentiel, l’originel. Retrouver la racine du bonheur perdu, l’enfance. Se réconcilier avec cette gamine là qui au fond, n’attendait que ça. Refaire le chemin à l’envers pour repartir de nouveau vers l’avenir. Mon chemin a commencé ici, sur les remparts de la vieille ville à la bande dessinée facile : Angoulême.

Un rédacteur web à Angoulême, place du Palais de justice. Photo faite et appartenant à Mélanie Sorbets, www.laplumeetlagomme.fr

Comment devient-on apprenti-écrivain à 15 ans, aspirant professeur à 25 ans puis rédacteur correcteur à 35 ?

Un rédacteur-correcteur rue de Beaulieu, Angoulême. Photo faite et appartenant à Mélanie Sorbets, www.laplume etlagomme.fr

Bonne question ! On suit le flot, on s’engage sur des pentes qui nous semblent moins périlleuses que d’autres. Mais surtout on oublie. Tout. Au fur et à mesure, on oublie tout ce qui compte vraiment pour ne devenir que l’un de ceux qui suivront le même trajet, si possible celui de l’emploi. Peu importe les envies, pourvu qu’on ait le travail… Et cela ne suffit même plus.

Quand on est jugé bonne élève tout se complique et les voies que l’on croyait ouvertes se referment toutes irrémédiablement vers les mêmes solutions : tu iras à la fac ma fille ! Et pas pour y rester un an mais plutôt, trois, quatre, cinq ans. « Quand on est bac +4 cela ouvre toutes les portes… Et puis tu deviendras fonctionnaire : un emploi à vie, des vacances, du temps pour ta famille, un concours « facile » ».

Non. Être bac + 4 ne m’a ouvert aucune porte et je dirais même peut être que cela en a refermé beaucoup. Quand à ce formidable métier de professeur et à ce concours « facile », je ne dirais qu’un mot : NON. 0.5 % de réussite au Capes pour lequel j’étais destinée, facile ? NON.

Rue de Beaulieu, Angoulême. Photo faite et appartenant à Mélanie Sorbets, www.laplumeetlagomme.fr

Alors on continue, on tente autre chose, on s’adapte, on sait rebondir, ce magnifique terme employé par notre génération de trentenaires blasés… Sauf, qu’arrivée à un certain stade, la balle ne rebondit plus et les idées sont lasses d’êtres trop usées. Il faut refaire le chemin en arrière. Je l’ai fait il y a 2 ans. J’ai enfin retrouvé mes idées et mon adolescence finalement très heureuse. Ici et avec eux.

Remettre de l’ordre dans son passé pour se reconstruire un avenir

Lycée Guez de Balzac, Angoulême. Photo faite et appartenant à Mélanie Sorbets, www.laplumetelagomme.fr

Ce lieu m’a ouvert à tout. Après des années de solitude et de temps perdu, j’avais trouvé enfin un lieu où j’ai pu poser mes Doc’s de gamine trop volumineuse de 15 ans mélangées à celles d’autres d’êtres au moins aussi étranges que moi, dès le premier jour. Comme un signe ! Et de timide, effacée et tristounette je suis devenue effrontée, rieuse, et plutôt cinglée ! Grâce à eux.

Je n’étais plus jamais seule, je n’étais plus jamais triste, ils étaient toujours là. Mes amis, mes amours. Et ils ne savent peut-être même pas que les carnets d’écrits que j’avais jeté un an auparavant par dépit, avaient été remplis en quelques mois, tant leur force était devenue mienne. Nous étions un tout, un barrage contre les intempéries, une unité d’affection là où peut être nous en manquions.

Ce lycée m’a apporté tout ce qui m’avait manqué jusqu’à alors. Des amis, deux amours inoubliables et un souvenir inébranlable de trois années de joies et de rires. De ces trois années sont nés mes plus beaux cadeaux  :  mon mariage et ma fille. Elle aurait pu s’appeler Jean-Louis (Guez de Balzac) mais Éléa lui allait tellement mieux !  Sans compter bien évidemment la présence de ces mêmes amis  aujourd’hui, malgré les tempêtes et les tourments, malgré les ondes qui s’échappent, les orientations qui nous perdent, les messages non reçus et ceux que l’on ne devrait jamais envoyer. Des amis qui restent ma force secrète et ma plus grande faiblesse…

Quant à ceux qui ont quitté mes chemins, ils restent toujours présents et je leur souhaite une si belle route !

J’étais perdue il y a deux ans à force d’avoir emprunté trop de routes sans issue. J’ai encore retrouvé ma voie grâce à eux, et aujourd’hui je remplis de nouveaux carnets, ce ne sont plus les mêmes, mais ils sont au moins tout aussi importants. La plume et la gomme a bientôt un an, je fais un travail qui me passionne et c’est aussi grâce à eux. Merci.

Une plume n’écrit jamais seule, son encre vient de forces que seule elle-même peut invoquer.
Bien souvent, les racines de l’écriture et de l’imagination sont ancrées à l’enfant qui demeure en chacun de nous. Si cet enfant est perdu, aidez-le à retrouver sa route, sans lui, plus de rêves, plus d’imagination, plus d’avenir.

Mélanie Sorbets, www.laplumeetlagomme.fr