Google dans ton café, Google dans ton sandwich, Google est bon pour ta santé !
Le 29 Octobre dernier, le Wall Street Journal publie un entretien avec Andrew Conrad, docteur en biologie cellulaire et chef de file de la Google X Life Sciences Team. C’est l’histoire du plus gros collecteur de données qui veut notre bien à bien, pour que ce qui se passe à l’intérieur, se vende à l’extérieur.
Google X, le rebranding de la Recherche et développement
Avouez que « Google X », ça sonne mieux que département R&D, ça fait beaucoup moins années quatre-vingt. Les frontières du marketing ne s’arrêtent pas aux départements de recherche et n’ont pour limite que celles de la 4ème dimension , et ce n’est même pas sûr !
L’avantage chez Google, c’est qu’on a le pouvoir de rassembler une équipe de pointures, quel que soit le domaine d’expertise. Concrètement la Team X fait incuber, pêle-mêle, des projets comme la voiture électrique sans pilote , les lunettes connectées que l’on trouve maintenant dans le commerce ou bien des verres de contacts qui permettront de contrôler le taux de sucre dans le sang , amis geek diabétiques, faîtes chauffer la carte bleue !
L’avantage ici, c’est surtout de savoir qu’on peut « financier » ses lubies, là où la recherche classique passe de très longues et laborieuses phases de tests pour démontrer le bien-fondé (comprenez « la rentabilité d’une application commercialisable ») avant d’espérer pouvoir obtenir un financement. Avec la Team Google X, c’est le contraire, on part de l’idée, on fait des recherches, des prototypes, et après on voit. Enfin bon, c’est ce qu’on nous dit.
Google craint pour votre santé, achetez mon traitement !
Ce que j’aime dans ce type de communication, c’est qu on pourrait presque les prendre pour des humanistes. Mais une question me taraude tout de même : que se passe t-il vraiment quand le premier marchand mondial (intergalactique?) de données personnelles, avec plus ou moins notre consentement, se pique de faire de la recherche médicale ?
Si on extrapole un peu (attention, c’est un peu façon « théorie du complot »), c’est une chose que d’avoir des suggestions de consommation en fonction de ses habitudes de navigation. Personnellement ça me choquait les premiers mois mais je crois qu’on s’est tous très vite habitué à voir des pubs « 2.0 » un peu partout. Merci AdBlock d’ailleurs, comme ça lorsque vous allez scruter les promos de vos chaussures préférées, Mesdames, Monsieur peut voir en allant consulter son journal préféré, quelle somme gigantesque vous vous apprêtiez à dépenser pour une énième « paire de pompes dans le placard » !!! Inversement Mesdames, lorsque vous allez voir votre paire de chaussures de rêve préférée, vous découvrez avec stupeur la somme ridicule que Monsieur s’apprêtait à dépenser « encore » dans un jeu vidéo « débile » ! Quel progrès, merci Google !
Mais qu’adviendrait-il des données collectées par cette pilule qui détecteraient des cellules cancéreuses (ou autres indésirables) dans notre organisme ? Qui les consulteraient ? Ces données serviraient-elles à nous voir suggérer des propositions de traitement, sponsorisées par le laboratoire qui aurait la campagne AdWords la plus efficace ?
Bon d’accord, la théorie du complot, c’est un peu exagéré. Malgré tout, ces données seront bien stockées quelque part et, à terme, mises en relation avec, on imagine facilement, nos habitudes de consommation, nos sites internet préférées, etc. A une époque où un outil comme la Carte vitale ne permet toujours pas de rassembler les informations dans un seul et même dossier médical (chaque établissement ou praticien de santé, établissement d’analyse ou d’imagerie utilisant un logiciel différent ou presque ) savoir que, peut-être, Google serait capable de vendre ses données là, la perspective paraît pour le moins ironique…
Coming Soon : Google dans ton café !
Toutes ces informations me mettent le cerveau en ébullition. Données personnelles, données médicales et pourquoi pas un sucre Google aussi ? Imaginez un bête morceau de sucre qui serait un concentré de nano-technologies, estampillé d’un gros G, qui recenserait, une fois ingéré, le taux de tartre dans notre bouche, la quantité de graisse ou la valeur nutritive des aliments que l’on vient d’absorber (McDo ferait la gueule pour de vrai).
Des nano-bidules qui seraient capable de nous dire « Faute ! Tu poses ce sandwich reblochon-roquefort-jambon-frites sauce ketchup-mayo tout de suite, nigaud ! C’est mauvais pour ton cholestérol et ta religion te l’interdit » … Ça laisse rêveur. Pourtant l’étiquette d’un tel sandwich indiquait les mérites d’un « repas savoureux préparé avec amour à partir d’une recette artisanale occitane ! », les industriels de l’agro-alimentaire ne se refusant jamais un bon mensonge.
Blagues mises à part, tout outil qui pourrait nous permettre de détecter les cellules cancéreuses avant qu’il ne soit trop tard mérite au moins qu’on y prête attention. De là à accepter de me transformer en revenu publicitaire à mon insu, le doute m’étreint. Pas vous ?
Le diseur de bonne aventure, www.laplumeetlagomme.fr