Liberté, égalité, fraternité…

Pourquoi écrire si ce n’est pour défendre ou dénoncer ? Je suis toujours Charlie et j’ai toujours le droit de crier ma révolte ! L’odeur incommodante d’un nationalisme latent me donne la nausée… Liberté, égalité, SOLIDARITÉ ! Qu’en-ont fait ces gens qui préfèrent fermer les yeux ?


La pauvreté et le malheur n’ont pas de frontière.

Nous découvrions il y a quelques jours, était-ce vraiment une découverte, que les réfugiés des pays en guerre mouraient dans de conditions terribles ?
Ils voulaient juste échapper à leurs bourreaux, juste donner une vie dans laquelle ils n’auraient pas à cacher leurs enfants, à pleurer leur famille… Alors ils ont pris un rafiot mal fagoté, payé un passeur malhonnête avec leur dernière fortune et sont partis pour une vie qu’ils croyaient meilleure. Ils en sont morts. Parce que leur rêve se paie, que leur rêve se paie très cher et que les marchands de rêves sont nombreux.

Avons-nous découvert réellement tout cela avec la triste histoire de la famille d’Aylan ? Bien sûr que non. Jusqu’ici ils mouraient en silence, loin des photos et des caméras.
Alors si ce petit garçon a ému l’opinion publique pour réveiller les consciences endormies pourquoi s’en offusquer ? Oui, les réfugiés auront peut-être enfin une part de légitimité dans cette belle solidarité que nous souhaitons étaler comme nos valeurs françaises. Et d’un seul coup, une tempête nouvelle envahit les esprits : et nos SDF à nous alors ?

Croyez-vous honnêtement qu’il faille choisir ? Croyez-vous honnêtement que la pauvreté devrait avoir une nationalité pour que l’on s’en préoccupe ? Croyez-vous aussi que ceux qui se battent pour ces réfugiés n’ont pas autant de sentiments que pour un homme de la rue ? Il n’y a pas de choix à faire, ni de préférence à donner. Je suis lasse de voir des idées aussi arriérées circuler parmi les réseaux ou les esprits échauffés. La solidarité s’applique à tous. Elle ne devrait jamais être discutée.

Le choc de l’image

Une autre question mérite aussi d’être développée : pourquoi la question des réfugiés semble être devenue une priorité après le cliché terrible de ce petit garçon ? Comme si l’escalade de l’information n’avait jamais de fin, aujourd’hui il en faut toujours plus. Toujours plus loin.

Moi, comme beaucoup d’autres, j’ai été touchée par le triste sort de ce petit garçon et de sa famille. Cependant ne doit-on pas regretter qu’il faille aller si loin dans l’information pour faire réagir les opinions ? Doit-on violenter le deuil d’un père pour que la question soit développée ? Combien de temps et jusqu’où ira-t-on que pour que nous arrêtions de baisser les yeux ? Malheureusement, le malheur rôde parmi le monde. Mais arrêtons de tourner la tête, de faire semblant que tout va bien et aussi…

DSC01274

Pour lui, pour eux… Photo prise et appartenant à Mélanie Sorbets www.laplumeetlagomme.fr

Sachons profiter de chaque jour que la vie nous donne, dans un pays en paix où nous n’aurons, espérons-le, jamais à craindre pour la vie de nos enfants. Où une petite fille de 5 ans peut regarder la mer droit devant sans penser à autre chose que d’y vivre et non d’y mourir…
Aylan et vous tous, les autres réfugiés de tout temps qui avaient perdu la vie pour un rêve, nous ne vous oublierons pas. Ni elle, ni moi.

Mélanie Sorbets www.laplumeetlagomme.fr